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La tombe du pasteur Henry Nott

La tombe du pasteur Henry Nott

Henry Nott doit sa célébrité à deux évènements marquants de sa vie.

Il est l’un des tous premiers missionnaires protestants de la « London Missionary Society » a débarqué à Tahiti en 1797 avec pour mission d’évangéliser sa population.

Apprenant le tahitien auprès de celui qui allait devenir un ami proche, Pomare II, il allait auréoler son prestige comme l’un des premiers traducteurs de la Bible en « reo tahiti ».

Henry Nott n’a que 23 ans quand il débarque du Duff, avec 17 autres missionnaires, sur le sol polynésien.

Ce jeune pasteur, simple maçon, présente des dispositions étonnantes pour l’apprentissage du tahitien. Il est très vite convaincu par l’évidence  qu’une évangélisation ne peut réussir que par le prêche dans une langue comprises des autochtones.

Avant lui, le pasteur John Jefferson s’était déjà attelé à la traduction de la Bible en tahitien, mais n’avait pu achever ses travaux, décédant brutalement en 1807.

L’ouvrage « Au Pied de l’Écriture » précise que « en 1801, avec John Davies, Henry Nott se lance dans la traduction de la Bible en tahitien, mais la difficulté consiste à écrire cette langue.

Très vite, ils comprennent que l’orthographe anglaise ne convient pas et ils définissent alors un alphabet tahitien.

Cependant, la sonorité est différente et les lettres doivent être prononcées autrement qu’en anglais. Ils commencent ainsi par des passages de la Bible contenant des récits que les tahitiens pourront facilement comprendre. 

Nott et Davies entreprennent ensuite la traduction de l’Évangile de Luc qu’ils achèvent en septembre 1814.

En 1817, le roi Pomare II demande à imprimer lui-même la première page de cet Évangile, ce qu’il fera sur une petite presse à bras apportée à Moorea par William Ellis.

En 1819, la traduction des Évangiles, des Actes des Apôtres et du livre des Psaumes est achevée après six années de labeur acharné. Une nouvelle presse, apportée par des missionnaires arrivés depuis peu, rend l’impression et la diffusion de ces livres de la Bible plus aisées. 

Durant les années qui suivent, Henry Nott se consacre à la correction et à la révision, tout en poursuivant la traduction.

Après 28 années passées à Tahiti, il tombe malade et la London Missionary Society l’autorise à revenir en Angleterre. Là bas, il continue à traduire le reste de la Bible jusqu’à son retour à Tahiti en 1827. »

Il finit son sacerdoce huit ans plus tard, le 18 décembre 1835, après plus de 30 années de travail. 

« En 1836, Nott se rend à Londres pour la faire imprimer et le 8 juin 1838, il présente à la jeune reine Victoria la première édition de la Bible en tahitien. L’œuvre d’une vie pour Nott mais aussi d’une équipe composée de missionnaires et de notables autochtones, dont Pomare II. »

Deux mois plus tard, Nott reprend la route du Pacifique Sud avec 27 caisses contenant les 3 000 premiers exemplaires de la Bible complète en tahitien. »

A son arrivée à Tahiti en 1840, les stocks se dispersent très rapidement dans les foyers polynésiens.

Ouvrage de référence, il s’affirmera également comme un élément fondamental du sauvetage de la langue tahitienne de l’époque qui trouvait là une première forme écrite immuable. On ne doit pas pour autant occulter le fait que, comme le souligne le site Tahiti Héritage, cette première mission a été sans difficulté.

La conversion n’a pas été facile pour la population qui tenaient à leurs dieux et a fortiori auprès de leurs prêtres (les tahu’a).

« Le pasteur Nott échappe in extremis à trois tentatives d’assassinat. Nott qui apprend le reo tahiti plus vite que les autres est choisi pour faire le premier sermon en tahitien, le dimanche 16 août 1801. L’année suivante, on estime qu’il parle couramment la langue, en ayant notamment fait le choix de vivre comme eux.

Son long travail de traduction et ses échanges avec Pomare II développent un lien d’amitié auprès des deux hommes qui amène Henry Nott à devenir son confident et proche conseiller. En 1819, il le convainc de se convertir au protestantisme. du roi Pomare II, il le convainc à se convertir au protestantisme dans l’immense chapelle protestante qui trônait alors à Arue.

L’éditeur et président de la « Société des Etudes Océaniennes » Robert Koenig rappelait lors d’un hommage à Henry Nott en avril 2012 que « Nott est aussi le témoin direct des guerres civiles qui déchirent Tahiti et Moorea, témoin du désir de puissance des uns et de la révolte des autres, témoins de la vie politique locale et de ses déchirements et retournements. »

Robert Koenig rappelait également que la traduction de la Bible a été « un travail d’équipe, chacun des missionnaires dans sa station missionnaire, avec ses diacres, bien souvent les prêtres des temps anciens, chacun tenant la Bible par un bout, un vrai tifaifai, et Nott en coud la structure de l’ensemble. »

L’éditeur soulignait également qu’en 1838, à son retour de Londres, Henry Nott se voyait surpris et profondément attristé : « Plus personne ne comprend son tahitien des débuts de sa mission, tellement la langue tahitienne aurait changé en quarante années. »

On doit aussi à Henry Nott la rédaction du premier code de lois locales, le code Pomare de 1819.

Tahiti Héritage écrit à ce sujet que « ce code était le reflet des conceptions puritaines des missionnaires de la London Missionary Society lequel allait surtout bouleverser la vie et les mœurs des Polynésiens.

Aujourd’hui encore, certains haut dignitaires de l’Eglise Evangélique Protestante Mā’ohi parlent d’un code imposé dont l’objectif inavoué était l’anéantissement pure et simple des croyances et pratiques de l’époque (idolâtrie, orgies, infanticides et crimes divers). »

Avant son décès le 2 mai 1844, à 70 ans, Henry Nott avait fait le vœu de se faire enterrer non loin du cimetière royal des Pomare, la tête tournée vers eux.

A noter que le musée de Tahiti et des îles conserve un exemplaire orignal de la première Bible traduite en tahitien (elle est propriété de l’association Tenetes).

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